jeudi 28 septembre 2017

La Bibliothèque, tome 1 : Grandir - Pauline Deysson



La Bibliothèque1, Pauline Deysson
Grandir

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 498

Résumé : Imaginez un monde où ni la pauvreté, ni la guerre, ni les livres n’existeraient plus. Le technomonde. Imaginez un lieu hors du temps, qui abriterait tous les rêves de l’humanité. La Bibliothèque. Imaginez que ces deux univers se rencontrent. A 10 ans, Emilie est choisie pour devenir la nouvelle Bibliothécaire. Elle a le pouvoir d’entrer dans les rêves, et de les vivre comme s’ils étaient réels. Son premier livre la conduira sur une voie semée d’embûches, de magie et de doutes. L’accompagnerez-vous ? 



Un grand merci à Pauline Deysson pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Je ne comprends pas pourquoi les hommes sont malheureux. Ils rêvent toutes les nuits de ce qu’ils veulent, et sur Terre ils ont tout ce qu’ils réclament. Que leur manque-t-il ?
- C’est une question délicate. Avant, les hommes étaient malheureux pour beaucoup de choses : la laideur, la maladie, la solitude, la mort… Aujourd’hui, je dirais plutôt qu’ils manquent de liberté.
- Mais si vous les soignez toutes les nuits ?
- Tu oublies qu’ils ne rêvent pas comme nous. Et le meilleur Bibliothécaire de tous les temps reste impuissant si l’âme ne veut pas être soignée.
- Cela peut arriver ?
- Oui. Certaines âmes sont si tristes qu’elles refusent d’ouvrir les livres que je leur donne. Les plus difficiles à soigner sont celles qui ne savent pas qu’elles sont malheureuses. Elles interprètent tous les rêves de la même manière, et sautent les passages qui les dérangent. Si j’essaye de rêver avec elles, elles m’ignorent ou me contredisent. »

- Mon avis sur le livre -

Pendant des années, je dois bien avouer que j’étais particulièrement réfractaire à la lecture d’autoédités. J’entendais parler de romans bourrés de fautes, sans queue ni tête, aux incohérences plus grosses les unes que les autres … Rien de très rassurant ! Et voilà que La Bibliothèque arrive dans ma vie, et que tous ces aprioris négatifs sur l’autoédition s’effacent : ce premier tome est la preuve en pages et en encres qu’autoédité peut parfaitement rimer avec qualité. En effet, je ne vais même pas attendre le cœur de la chronique pour l’annoncer : ce roman a été plus qu’un coup de cœur. Il a été une révélation, un voyage, une rencontre. Une très belle rencontre, un merveilleux voyage et une extraordinaire découverte.

Comme tous les enfants du technomonde, à l’âge de 10 ans, Emilie va passer le Test d’Aptitude pour ainsi recevoir son Revery, une machine qui lui sera personnellement accordée et qui veillera à son bien-être quotidien en la guidant et la conseillant. Mais Emilie s’interroge de plus en plus sur le monde qui l’entoure et refuse de prendre le Revery qui lui est attribué. Placée dans un Centre d’Apprentissage de l’Aptitude pour palier à cette résistance, Emilie va longuement hésiter sur la conduite à tenir … jusqu’à ce qu’une fleur de lys rentre dans sa chambre et la transporte dans la Bibliothèque. Un lieu où les livres sont des rêves, des songes à faire lire aux âmes endormies qui viennent chaque nuit s’échapper d’un quotidien peut-être pas aussi joyeux qu’on ne veut le leur faire croire. Devenue Apprentie Bibliothécaire, Emilie va ouvrir un premier livre …

Ce livre fera le régal de tous ceux qui, comme moi, aiment les récits qui ne se cantonnent pas à un genre mais qui au contraire empruntent allégrement à plusieurs genres. Le lecteur se retrouve tout d’abord plongé dans un univers dystopique merveilleusement bien construit : au sein du technomonde, sous couvert de permettre aux technocitoyens d’être heureux en réalisant le moindre de leur désir, le système enferme ces derniers dans une vie monotone de loisirs incessants où le libre-arbitre n’a pas sa place. Abrutis par les jeux vidéo qui constituent leur quotidien, les technocitoyens suivent aveuglément la masse sans même se rendre compte de ce formatage. Arrive ensuite une bonne dose de fantasy, avec l’histoire épique de la naissance de la Bibliothèque, ce lieu où sont créés et distribués les rêves en fonction des besoins de chaque âme. Et puis, dans l’aventure que vit Emilie lorsqu’elle ouvre son premier livre, de bonnes doses de fantastiques font leur apparition : les sirènes, les fées, les nymphes et autres créatures légendaires lui viennent en aide. Et ce fabuleux mélange fait de ce livre un roman unique en son genre, une histoire d’une richesse incroyable.

D’autant plus que cet ouvrage possède également de nombreux éléments le rapprochant du conte philosophique ou du récit initiatique. L’histoire que nous compte ce joli pavé de presque 500 pages, finalement, ce n’est pas uniquement l’histoire que déroule le premier livre des rêves ouvert par notre jeune Apprentie Bibliothécaire. Il est bien plus question de l’épanouissement intérieur d’Emilie, de l’évolution de sa psyché. Au début du récit, Emilie n’est encore qu’une petite fille : rebelle et curieuse, insouciante et à la pensée très manichéenne - les choses sont soit parfaitement bonnes, soit irrémédiablement mauvaises - et optimiste - le Bien, la bonté, la gentillesse, la joie, triompheront forcément. A la fin du récit, Emilie est une adolescente qui a non seulement saisi la complexité du monde et de la nature humaine, mais qui a également pris conscience de la contingence de la vie tout en ayant ouvert les yeux sur la question du bien, de la liberté, de l’éthique … De nombreuses pistes de réflexion s’ouvrent alors au lecteur. Suis-je libre lorsque je réalise mes propres désirs égoïstes ? Dois-je sacrifier le bonheur des autres pour augmenter le mien ? Quel est le sens de mon existence ? J’en passe et des meilleures.

J’avoue être particulièrement impressionnée par l’auteur. En premier lieu, elle a d’excellentes idées : qu’il s’agisse qu’il s’agisse de ce monde futuriste dominé par la satisfaction éphémère de désirs passagers jamais réellement assouvis, de cet univers hors du temps et de l’espace qu’est la Bibliothèque des rêves, ou encore des demeures féériques des Sirènes, des Fées et des habitants d’Avalon, tout est vraiment très original. Mais plus spectaculaire encore, elle a réussi à combiner toutes ces idées apparemment disparates pour former un tout cohérent et harmonieux : le risque, lorsqu’on a autant d’éléments en tête et qu’on souhaite les réunir en un seul récit, c’est de ne pas parvenir à les unifier correctement, et que cela deviennent inintelligible pour le lecteur. Pauline Deysson a su éviter ce piège : pas une seule fois je ne me suis sentie perdue ou submergée par les informations distillées progressivement. Il y a des histoires dans les histoires, des intrigues dans les sous-intrigues, et pourtant, tout s’accorde parfaitement. C’est vraiment époustouflant !

En bref, l’auteur nous propose avec ce premier tome un ouvrage merveilleusement bien construit et admirablement bien écrit (quelle plume ! c’est un vrai plaisir que de lire une narration aussi belle, aussi fluide, aussi riche !) qui happe le lecteur sans le laisser reprendre son souffle. De l’action, de l’émotion, de la réflexion, il y a vraiment de tout dans ce roman qui peut s’avérer un peu compliqué au premier abord mais dont l’intrigue coule finalement de source. C’est un vrai déchirement que de quitter tous les personnages rencontrés durant ce premier Livre, mais la fin est une véritable promesse qui permet au lecteur de surmonter cette douleur. Depuis que la dernière page s’est tournée, je n’ai plus qu’une seule hâte : avoir le second tome entre les mains pour marcher aux côtés d’Emilie dans une nouvelle aventure. Vivement …

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus d’explications sur cet article)

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